Le premier ministre Mark Carney a conclu un accord inédit avec l’Alberta ouvrant la voie à un futur pipeline vers la côte pacifique, un objectif de longue date pour la province productrice de pétrole. Mais l’annonce, censée symboliser un rapprochement historique entre Edmonton et Ottawa, s’est immédiatement heurtée à de fortes résistances politiques et environnementales.
Le texte prévoit d’exempter le projet de certaines lois climatiques fédérales, en échange d’un relèvement du prix carbone en Alberta et de la création d’un vaste programme de capture du carbone. Pour la cheffe provinciale Danielle Smith, cet accord marque la fin de “temps sombres” et constitue un premier pas pour concrétiser un pipeline qu’elle juge essentiel au développement économique.
La Colombie-Britannique, territoire sur lequel la conduite devrait passer, dénonce cependant un processus mené sans elle. Le premier ministre David Eby souligne l’absence de financeur privé et de soutien autochtone, deux obstacles majeurs. Plusieurs Premières Nations ont déjà rejeté le projet.

La controverse a pris un tour national lorsque le ministre fédéral Steven Guilbeault, figure historique du mouvement écologiste, a démissionné pour protester contre l’accord, estimant que le pipeline aurait des “impacts environnementaux majeurs” et que la stratégie climatique qu’il avait contribué à bâtir est en train d’être démantelée.
Le mémorandum Carney–Smith lève également le moratoire sur les pétroliers au large de la Colombie-Britannique et suspend le plafonnement des émissions pétrolières, tranchant nettement avec la ligne de l’ancien premier ministre Justin Trudeau. Il impose toutefois une co-propriété autochtone et un financement strictement privé.
Le projet, encore à ses débuts et sans tracé défini, viserait la côte nord de la Colombie-Britannique afin d’ouvrir l’accès aux marchés asiatiques et réduire la dépendance du Canada envers les États-Unis, acheteurs de plus de 90 % du pétrole canadien.
L’opposition fédérale, par la voix de Pierre Poilievre, juge l’accord insuffisant et estime qu’il ne garantit en rien la construction de la future infrastructure, malgré les promesses de Carney d’accélérer les exportations non américaines.

















