Les pays du Sahel engagent un tournant stratégique dans la gestion de leurs ressources naturelles. Au Mali, le conflit opposant l’État à la multinationale canadienne Barrick Mining autour du complexe aurifère de Loulo-Gounkoto s’est conclu lundi, symbole d’un rapport de force désormais rééquilibré. Bamako réclamait plusieurs centaines de millions de dollars d’arriérés d’impôts dans le cadre de son nouveau code minier, qui accroît la part de l’État dans les projets.
Cette dynamique s’inscrit dans un mouvement plus large porté par les pays de l’AES — Mali, Niger et Burkina Faso — déterminés à reprendre le contrôle des secteurs stratégiques. Le Niger a nationalisé la Somaïr, principal exploitant d’uranium, estimant que les contrats précédents n’étaient pas favorables aux intérêts nationaux. Dans ces pays riches en or, uranium, manganèse et autres minerais, les populations demeurent pourtant pauvres, poussant les nouvelles autorités à “changer de paradigme”.
Les réformes minières prévoient une plus grande participation des entreprises locales, une transformation partielle des minerais avant exportation, ainsi que le rapatriement des bénéfices sur des comptes nationaux. Cette volonté d’affirmation inspire désormais l’Afrique australe : Botswana, Zambie et Zimbabwe imposent à leur tour de nouvelles règles pour renforcer la participation locale dans le secteur extractif.
Comme l’a récemment déclaré le président français Emmanuel Macron lors de sa visite à Libreville: “L’Afrique ne peut plus être un continent de simple extraction.” Le message semble désormais largement entendu.

















