L’histoire des enfants victimes de la guerre au Soudan

Alors que le monde célèbre la Journée mondiale de l’enfance, les enfants du Soudan subissent le lourd fardeau de la guerre.

Newstimehub

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21 Nov, 2024

Alors que le monde célèbre la Journée mondiale de l’enfance, les enfants du Soudan subissent le lourd fardeau de la guerre.

Dans la salle des urgences de l’hôpital universitaire Bashir, dans le sud de Khartoum, une équipe médicale lutte désespérément pour sauver la vie de Riyad, un bébé de 18 mois.

Les soignants racontent que la mère de l’enfant est arrivée en détresse, submergée par la douleur et la peur.

« J’ai ressenti une responsabilité profonde et immédiate pour sauver sa vie, » déclare le Dr Moeen, médecin travaillant pour Médecins Sans Frontières (MSF), à TRT Afrique. « Il n’a rien fait pour mériter cette souffrance ; il est simplement né dans une zone de guerre. Mon devoir est d’optimiser ses chances de survie. »

Le 20 novembre, alors que le monde célèbre la Journée mondiale de l’enfance, les organisations humanitaires dénoncent les souffrances continues des enfants au Soudan et dans d’autres zones de conflit.

« Aujourd’hui est aussi le moment de reconnaître les défis immenses auxquels les enfants font face dans notre monde profondément divisé, turbulent et souvent violent, » a déclaré António Guterres, secrétaire général de l’ONU.

Riyad est l’un des millions de personnes qui subissent les conséquences de la guerre au Soudan, déclenchée en avril 2023 par des désaccords sur la transition démocratique du pays.

Réveillé en sursaut par une balle perdue qui a frappé sa poitrine, Riyad a vu son moment de paix se transformer en cauchemar.

« L’équipe médicale a lutté pendant quatre heures pour le stabiliser. En raison d’une importante perte de sang, ses chances de survie lors de l’opération étaient de 50 %, » ajoute le Dr Moeen.

Une balle logée dans sa poitrine

Bien que l’équipe ait réussi à arrêter l’hémorragie, la balle est restée logée dans la poitrine de Riyad.

L’hôpital universitaire Bashir, l’une des dernières structures opérationnelles dans le sud de Khartoum, manque de capacités chirurgicales avancées.

Depuis octobre 2023, MSF dénonce des blocages systématiques des fournitures médicales, paralysant les services de santé dans la majorité des hôpitaux soudanais.

« Un garçon de 18 mois avec une balle traversant sa poitrine est un rappel saisissant des vies innocentes brisées par la guerre. En pleine confusion, avec des ressources limitées, nous avons lutté pour le sauver. Aucun enfant ne mérite cette souffrance, » déplore le médecin.

Les enfants pris dans la ligne de feu

Khartoum, autrefois une capitale animée, était déjà un champ de bataille avant même la naissance de Riyad.

Selon MSF, Riyad n’est qu’un des 314 enfants soignés pour blessures par balle, explosions et éclats d’obus en 2024.

Les enfants de moins de 15 ans représentent 16 % des blessures de guerre traitées à l’hôpital Bashir.

« Ces cas sont fréquents, » précise le Dr Moeen. « Heureusement, cette fillette a survécu. D’autres n’ont pas cette chance. »

Des défis croissants

Avec l’intensification des combats, les hôpitaux sont submergés par un afflux de patients, peinant à traiter les blessures graves et à réaliser des interventions complexes.

« Malgré les pénuries, l’insécurité et les destructions, nous continuons à offrir des soins vitaux à ceux pris entre deux feux, » affirme le Dr Moeen.

Entre octobre et novembre 2024, plus de 4 186 femmes et enfants ont été dépistés pour malnutrition, dont plus de 1 500 souffraient de malnutrition aiguë sévère.

« Ces chiffres de violence et de malnutrition reflètent le cauchemar que vivent les habitants, notamment les enfants, à Khartoum, » a déclaré Claire San Filippo, coordinatrice d’urgence de MSF.

Appels mondiaux au cessez-le-feu

Face à la montée des appels au cessez-le-feu, António Guterres a souligné l’importance de protéger les enfants :

« Lors de la Journée mondiale de l’enfance, nous célébrons les membres les plus jeunes de notre famille humaine. Mais aujourd’hui est aussi un moment pour reconnaître les immenses défis auxquels les enfants sont confrontés dans notre monde fracturé, turbulent et souvent violent. »

La guerre au Soudan a déplacé plus de 11 millions de personnes, créant l’une des plus grandes crises de déplacement au monde.