À 30 ans, Maya pensait avoir déjà affronté le pire après la perte de son mari et père de ses deux jeunes garçons. Employée de maison à Dakar, elle a découvert à son insu qu’elle venait d’être mariée de force une seconde fois, cette fois à un ami de son père vivant en Casamance. Une répétition douloureuse de son premier mariage arrangé, survenu alors qu’elle sortait à peine de l’adolescence.
Déterminée à ne pas revivre le même destin, Maya espérait convaincre son père d’annuler cette union. Mais sous la pression de sa famille, elle a finalement quitté son emploi pour rejoindre malgré elle son nouveau foyer, où elle devient la troisième épouse.
L’histoire de Maya s’inscrit dans un phénomène encore massif en Afrique. Selon l’UNICEF, 60 millions de mariages forcés ont été recensés en 2022, dont une proportion importante en Afrique de l’Ouest et centrale. La pauvreté, les traditions, mais aussi les effets du changement climatique comptent parmi les causes les plus fréquentes. Au Soudan du Sud par exemple, quatre millions de filles ont été mariées de force en 2022.
Des sociologues, dont la Sénégalaise Sely Ba, rappellent que les unions forcées restent trois fois plus fréquentes en zones rurales qu’en villes. Elles provoquent notamment des grossesses précoces et des complications médicales responsables de milliers de décès d’adolescentes chaque année.
Si la plupart des pays africains disposent de lois interdisant strictement le mariage forcé — ainsi que des textes panafricains comme le protocole de Maputo — leur application demeure limitée. Plusieurs élus et acteurs de la société civile appellent à renforcer la sensibilisation et à faire respecter les textes pour protéger les jeunes filles.















