L’Afrique du Sud restitue 28 trésors Asante au Ghana, un geste symbolique marquant la fin d’une lutte de deux siècles pour sauver le patrimoine culturel du royaume.
Ce week-end, le Palais Manhyia à Kumasi, ancienne capitale du puissant Empire Asante, sera le théâtre d’un moment historique : le retour de 28 trésors en or d’Afrique du Sud au roi Otumfuo Osei Tutu II. Ces objets du XIXe siècle témoignent de l’excellence de l’artisanat Asante et de la richesse culturelle du royaume. Parmi les trésors figurent des bâtons de linguiste, des épées ornées, des bagues précieuses, des colliers cérémoniels et des poids finement sculptés ou polis.
Une lutte pour la mémoire : le rôle d’AngloGold Ashanti
Ce retour fait suite à une demande officielle du roi Asante plus tôt cette année. La société minière AngloGold Ashanti, qui possède les objets depuis 2000, a accepté de les vendre à nouveau au Ghana. Initialement, ces trésors avaient été achetés par un collectionneur suisse avant d’être revendus.
Qualifiés de « chefs-d’œuvre de l’orfèvrerie » par l’historien et directeur adjoint du Musée du Palais Manhyia, Ivor Agyeman-Duah, ces ornements incarnent un héritage royal, une gouvernance sophistiquée et une identité culturelle inébranlable.
Enrichi d’une nouvelle galerie dédiée aux objets récemment restitués, le Musée Manhyia exposera ces œuvres précieuses, offrant ainsi une opportunité de découvrir l’histoire fascinante du royaume Asante pour les Ghanéens et le reste du monde.
Un débat sur les réparations ravivé
Le retour de ces trésors fait partie d’une tendance plus large visant à restituer les biens culturels africains à leurs pays d’origine. Avec le retour de 67 objets cette année, le Ghana devient un acteur clé dans la lutte pour la récupération du patrimoine africain. Des institutions prestigieuses comme le Musée Fowler de l’UCLA et le British Museum ont également contribué en restituant ou en prêtant des artefacts au Ghana.
Selon le chercheur de Yale, Lekgetho Mokola, ce retour constitue un pas important. Le processus dépasse le Ghana, des pays comme le Nigéria négociant activement pour le retour des bronzes de Bénin pillés aux XVIe et XVIIIe siècles.
L’Afrique tourne une nouvelle page de son histoire
Alors que la pression sur les musées européens et américains s’intensifie, des pays comme la France, l’Allemagne et la Belgique commencent à répondre à ces demandes légitimes. En 2021, la France a fait un geste historique en restituant 26 objets au Bénin, marquant un tournant dans les relations culturelles internationales.