Le Ghana fait face à une crise de santé environnementale en raison de l’augmentation des importations de vêtements usagés et de seconde main provenant des pays occidentaux.
Le Ghana subit inconsciemment les conséquences du « grand ménage de printemps » occidental, avec une augmentation massive des vêtements usagés et de seconde main, créant une véritable catastrophe environnementale.
Chaque semaine, environ 15 millions de vêtements d’occasion, emballés dans des conteneurs de 40 pieds, sont expédiés du Nord global vers ce pays d’Afrique de l’Ouest, principalement via le port de Tema.
En 2022, le Ghana a importé 121 934 tonnes de vêtements jetés, localement appelés « obroni wawu », ou « les vêtements du blanc mort ». Ce terme, bien que marquant, ne reflète pas pleinement l’ampleur des dégâts causés.
Selon Greenpeace Afrique, le Ghana est le deuxième plus grand importateur mondial de vêtements usagés après le Pakistan, avec une part de marché mondiale de 5,1 %.
Si les vêtements de seconde main peuvent illustrer la durabilité, ce que le Ghana reçoit dépasse largement cette idée : il hérite d’un fardeau environnemental.
La plupart des vêtements importés finissent au marché Kantamanto d’Accra, un centre tentaculaire avec près de 5 000 étals employant 30 000 personnes. Pourtant, beaucoup de ces articles sont invendables, aggravant la crise des déchets.
Le rapport de Greenpeace Afrique, Mode rapide, poison lent : La crise toxique du textile au Ghana, révèle l’ampleur des déchets textiles polluant les eaux, les plages et de vastes terres.
L’organisation appelle à des mesures immédiates, notamment l’interdiction des exportations de textiles inutilisables, l’amélioration des infrastructures de gestion des déchets et la responsabilisation des marques de mode sous le principe du « pollueur-payeur ».
Lors de la Fashion Week de Berlin en février 2024, Greenpeace a renvoyé 4,6 tonnes de vêtements rejetés en Allemagne, défiant symboliquement l’industrie de la mode à assumer ses déchets.
La question reste ouverte : le monde de la mode répondra-t-il à l’appel pour un avenir durable et circulaire ?